Yvette Théraulaz

DU CIEL TOMBAIENT DES ANIMAUX

août 2020  DU CIEL TOMBAIENT DES ANIMAUX

CARYL CHURCHILL / MISE EN SCÈNE ANDREA NOVICOV

Quatre femmes septuagénaires se retrouvent les après-midis dans leur lieu secret. Trois d’entre elles sont voisines, la quatrième vient d’arriver, on ne sait pas vraiment d’où. Elles dialoguent avec des répliques très brèves, souvent interrompues, parfois allusives. Elles semblent parler du quotidien, de leurs familles, de leurs souvenirs d’avant la retraite, des changements dans le quartier. Des fragments de vie, qui se suivent et ne se ressemblent pas tout à fait, s’enchaînent, tout en finesse et en petites touches. Parfois cependant, elles amorcent un long soliloque qui trahit la faille. Entretemps, à l’extérieur quelque chose d’autre se passe, insaisissable, se rapproche et s’éloigne.

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Dans ce qui naît de la conversation il y a le passé et le futur, une inquiétante étrangeté soutenue par une écriture jubilatoire, de la profondeur sous la surface, de l’extraordinaire derrière l’anodin, du terrible dans la comédie, entre rire et effroi. L’écriture audacieuse de Caryl Churchill parvient à dépeindre la radicalisation des maux du monde actuel : développement immobilier et surexploitation des carrières, hyper digitalisation de la société, épuisement des ressources…

Avec une finesse de style et un humour quasi surréaliste, Caryl Churchill pénètre dans les zones les plus obscures de la réalité quotidienne, là où la vie intime se lie au chaos universel. Comme chez Beckett ou chez Duras, il y a les petites choses de la banalité, il y a aussi une apocalypse qui effraie ; et pourtant, l’humour, toujours l’humour.

DISTRIBUTION
Avec Mercedes Brawand, Josette Chanel, Yvette Théraulaz, Anne-Marie Yerly De Caryl Churchill
Mise en scène Andrea Novicov
Assistanat à la mise en scène Felipe Castro
Lumière Jean-Marc Serre
Musique Andrès Garcìa
Régie son Cédric Hedbert
Régie lumière et plateau Alexandrine Marquet
Costumes Anna Van Brée
Perruques et maquillage Laurence Rieux
Éléments de décor Valérie Margot
Construction pergola Alexandre Genoud
Administration Jeanne Quattropani

Soutiens Ville de Genève, Fondation Jan Michalski – pour l'écriture et la littérature, Fonds d’encouragement à l’emploi des intermittent·e·s genevois·es (FEEIG), Fondation Ernst Göhner
Production compagnie Angledange Coproduction Théâtre de l’Orangerie La pièce Du ciel tombaient des animaux de Caryl Churchill (traduction de Elisabeth Angel-Perez) est éditée et représentée par L’ARCHE - éditeur & agence théâtrale.



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Histoires d'Ils

mars 2020  Histoires d'Ils

avec Lee Maddeford

Avec : Yvette Théraulaz, Lee Maddeford au piano et la voix off de Jean Keraudren
Dramaturgie : Yvette Théraulaz et Stefania Pinnelli
Mise en scène : Stefania Pinnelli
Scénographie et collaboration artistique : David Deppierraz
Musique et arrangements : Lee Maddeford
Création sonore : Jean Keraudren
Création et régie lumières : Philippe Dunant
Régie son : Sébastien Graz
Construction du décor : Denis Correvon
Equipe technique du Théâtre de Carouge. Montage Luis Henkes et Mitch Croptier, et toute l'équipe du Théâtre de Carouge.
Coproduction Théâtre de Carouge, Compagnie Horizon, Théâtre Benno Besson. Création au Théâtre Benno Besson le 21 janvier 2020.
Spectacle réalisée avec le soutien de: Théâtre de Carouge - Canton de Vaud - Loterie Romande - Fondation Leenaards - Migros pour-cent culturel - Fondation Emile Gourd - Fondation suisse des artistes interprètes SIS

«Un spectacle chavirant... un éblouissement... par sa manière subtile de glisser du rire au larme... » Le Temps

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Après Histoires d’Elles, Yvette Théraulaz va à la rencontre des hommes, de son père, de son fils et des hommes de sa vie notamment, afin de s’entretenir avec eux, de recueillir leurs paroles, leurs peurs et leurs difficultés. Intelligent, touchant et en chanson, Histoires d’ILS est peut-être l’un des spectacles les plus émouvants de ces dernières saisons. La question de l’égalité y résonne comme un appel, une prière. Il y a bien-sûr la révolte et la colère, l’indignation et le cri, mais il y a surtout le désir d’aller à la rencontre de l’autre et de l’inciter à faire de même.

Le spectacle est articulé autour de chansons écrites par des hommes et de textes rédigés à partir d’interviews. Yvette Théraulaz y fait, dans un spectacle à la facture classique, la démonstration de sa sensibilité et de sa force, de son à propos unificateur sur ces questions clivantes.


Histoires d'Ils


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Rendez-vous avec Yvette Théraulaz - La Télé

avril 2019  Rendez-vous avec Yvette Théraulaz - La Télé

Interview

Rendez-vous avec Yvette Théraulaz
Tout au long de sa carrière, Yvette Théraulaz a eu à cœur de défendre ses positions. Que cela soit sur scène, ou a travers ses chansons, elle su transmettre ses valeurs au public. Elle nous a donné rendez-vous chez elle à Lausanne pour revenir sur son riche parcours.

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Rencontre intimiste avec une célébrité de la région valdo-fribourgeoise. C’est dans un lieu choisi par son invité que Virginie Gerhard évoque avec lui sa jeunesse, son parcours et les étapes importantes de sa vie, qui font de lui ce qu’il est aujourd’hui.

Voir l'interview
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MON PÈRE EST UNE CHANSON DE VARIÉTÉ

mars 2019  MON PÈRE EST UNE CHANSON DE VARIÉTÉ

Mise en scène & écriture: Robert Sandoz

Sous l’œil complice d’un DJ fan de Claude François, Robert raconte la légende de sa naissance. Légende, car comme dans une télénovela, au fil de sa vie, ses origines ont été réécrites. Robert n’a pas de père. Il l’a plutôt bien vécu. Cela le faisait entrer dans un groupe de gars assez branchés, comme Perceval, Luke Skywalker ou Jésus. Son père étant parfois inconnu, parfois mort, parfois un proche de la famille. Quelle version croire ? Est-il encore possible de croire quelqu’un dans cette famille ? Et le public, peut-il faire confiance à un narrateur qui a sans doute hérité de ce sens de la fable ? Depuis tout petit, Robert aurait voulu être variétologue, spécialiste en chansons de variété et il se soigne en écoutant Sardou, Goldman, Balavoine, Sheller et les autres. Il est naturel d’aller chercher des pères de substitution dans les chansons de variété, non? Un spectacle tendre et drôle, où le public est inévitablement entrainé dans un karaoké géant.

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Mise en scène & écriture: Robert Sandoz
Collaboration à l’écriture: Adrien Gygax
Collaboration artistique: Thierry Romanens
Jeu: Adrien Gygax, Robert Sandoz et Pascal Schopfer en alternance et avec la participation d’Yvette Théraulaz et Elizabeth Mazev en alternance
Création lumière & régie générale: William Fournier
Création vidéo: Eloi Henriod
Direction technique: Stéphane Gattoni
Régie générale tournée: Gaël Rovero & Benjamin Deferne
Scénographie, accessoires et costumes: Anne-Laure Futin
Aide à la réalisation aux costumes: Verena Dubach
Photos: Guillaume Perret
Graphisme: Contreforme Sàrl
Attachée de presse: Anicée Willemin
Administration création: Nina Vogt
Administration tournée: Laetitia Gauchat
Production de tournée: Vérène Girod
Attaché.e de production: Adan Martin & Noémie Pfiffner
Production: L’outil de la ressemblance
Coproduction: CCN-Théâtre du Pommier (Neuchâtel), La Plage des Six Pompes (La Chaux-de-Fonds)



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Les années

oct. 2018  Les années

Mise en jeu Philippe Morand / Piano Lee Maddeford / Dramaturgie Stefania Pinnelli & Yvette Théraulaz

Un récital comme une histoire, avec ses chansons alternant humour et dénonciation. Un chemin de vie, traversé d’émotions et de révélations. Elle a cette fougue, cette entièreté, cette sensibilité à fleur de peau qui font qu’on l’aime éperdument.

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Yvette Théraulaz, chanteuse et comédienne, femme avant tout et humaniste avec cette bonté qui n’appartient qu’à elle, elle évoque ses petits et grands combats, ses amours, ses ruptures… Un récital de Sabine Paturel à Barbara, de Jacques Brel à Julien Clerc, comme un hymne à la vie! L’artiste, sincère et bouleversante, fait passer le public du rire aux larmes.»
Le Temps.

Nous sommes en 1947. « C’est un garçon ? » « Euh, pas tout à fait… » « Bon, on f’ra avec, dit le papa. » Bienvenue en ce monde !
Les biberons, les langes qu’on nettoie, les premiers pas… On ne voit pas le temps passer, nous dit Ferrat. Ça et l’éducation, forcément rigide, pour le bien de cette gamine : « Une fille qui jure, c’est comme une rose qui sent l’oignon », « Il faut savoir réfréner ses désirs », « Si tu tombes enceinte c’est direct la maison de correction »… Effroyable carcan de principes hors d’âge à l’usage de jeunes filles crucifiées avant l’heure sur l’autel des grands principes : « T’as le diable au corps, chasses-le ! »
C’est l’autobiographie d’une féministe, dans son exacte chronologie, dans le délire d’une éducation castratrice, d’ahurissants préjugés, de régressions, de petits et grands combats, du refus d’une modeste tâche au manifeste des 343 salopes.

Les Années. C'est l'histoire d'une petite fille qui apprend comment se comporter pour être gentille, obéissante et délicieuse. Puis le temps passe, ou nous passons, en tout cas les années filent. Cette petite fille gentille devient une adolescente. Elle a de la chance car mai 68 arrive. Elle se donne corps et âme dans cette révolte. Elle y trouve même sa raison d'être. Elle est pleine d'espoirs et d'utopie: le monde va changer, elle en est persuadée, elle devient féministe et humaniste. Elle fait du théâtre aussi depuis quelques années. Elle apprend et comprends un peu le monde, elle se politise. Elle lit des poèmes, des livres. Elle écrit des chansons, ce sera l'occasion dans le spectacle d'évoquer cette période et de faire un hommage au théâtre qui restera avec la chanson sa raison de vivre et de tenir debout.

Evidemment il y a l'amour, la rencontre avec les hommes, les délices et les mystères
Et comme la petite fille a toujours été coquine, elle chantera des chansons d'amour un peu grivoises, car elles mettent un peu de sel dans l'amour et mai 68 a libéré la sexualité: c'était le moment.

Donc Les Années parleront et chanteront les hommes et les ruptures, puis les années continuent de défiler on arrive à 40 ans, 50 ans et on se pose les questions essentielles.
Qu'ai-je fais de ma vie? Suis-je passée à côté? Les Années ont une fin: vieillir, mourir. On va s'interroger, on va refuser de vieillir, de mourir, c'est un peu présomptueux alors on va en rire et pourquoi pas imaginer ses funérailles et pourquoi pas vivre un grand amour et pourquoi pas puisqu'on se rapetisse élargir l'espace du dedans.
Les Années, c'est le chemin d'une vie. Les Années, c'est l'occasion de se révolter contre tout ce qui nous entrave. Les Années c'est l'occasion de rendre hommage et de remercier la vie.

C’est comme avant les infos, les cours les cours de la bourse : « C’est l’instant qu’on attend / Dehors ça bouge lentement / On espère on redoute / On bouge plus on écoute / ça y est la porte est ouverte / ça se bouscule… » Bon, on vous résume la chanson (de Ricet-Barrier) : les spermatozoïdes, mus par je ne sais quel va et vient, concourent pour la course à l’ovule, leur mât de cocagne. Attention ! il n’y aura qu’un seul gagnant. Et… la lauréate est… Yvette Théraulaz !
Ça c’est au tout début. A l’autre bout, il y a collection de pleurs, vrais ou simulés, avant la mise en terre. Les vers commencent dès lors leur office, à voler la vedette, à bouffer la Théraulaz : s’ils sont douze, ce sont des alexandrins.

Entre les deux bouts, une vie. Une vie de femme, de forcément salope car féministe.
Yvette Théraulaz est chanteuse et actrice. Elle est femme surtout, témoin de décennies de luttes, en France comme en Suisse, pour le respect, pour l’égalité. Ce spectacle-là, c’est ça, c’est le récit, illustré de chansons, de ce combat toujours remis sur le métier, jamais tout-à-fait gagné. Théraulaz n’a certes pas un grand velouté de voix mais on s’en fout. Prodigieuse personnage de scène, elle campe à elle seule la lutte de femmes, avec un talent surnuméraire, une verve rare. Ça fuse sans temps mort, sans répit. Théraulaz fait chansons de tous bois : de Sabine Paturel (Les bêtises) à Barbara, de Jacques Brel à julien Clerc ! « Je veux être utile / A vivre et à chanter. » Est-ce récital ? Non. Est-ce pièce de théâtre ? Pas plus… C’est une femme qui, au soir de sa vie (« De chrysanthèmes en chrysanthèmes, j’arrive » nous chante-t-elle), fait bilan, fait retour sur le passé, consigne l’Histoire, travaille nos mémoires. Tout ce qui oppresse la femme est ici, parfois dans l’humour – un rire jaune – souvent dans la dénonciation par l’exemple, le crachat.

On ne sort pas indemne d’un tel spectacle. Ici, à Barjac, on ne savait plus Théraulaz, qui elle était, ce qu’elle faisait, on ne savait pas ce spectacle-là. On s’attend au récital d’une vieille vedette de retour, bien configuré chanson aux intéressantes rimes, et on a ça : ce brûlot, ce bûcher aux flammes vives, incandescent, lumineux, prodigieux. Théraulaz est la gigantesque artiste d’un art majeur, qui, deux heures durant, refait l’Histoire, la commente, l’illustre, la chante, qui rend hommage, qui rend fierté à le Femme.
Une chanson, en fin de spectacle, en fait presque résumé par l’évocation d’une femme, une autre : Vanina, de Véronique Pestel. Ce n’est pas forcément le grand moment de ce spectacle, qui en a tant, simplement une chanson de dignité, de combat : la vie d’une femme debout envers et contre tout. On a l’impression que toute cette mise en scène n’a été créée que pour en arriver cette chanson-là, à célébrer l’exemplaire et quotidienne vie d’une femme. Vanina ou Théraulaz, et toutes les autres, sont le terreau d’un combat toujours en cours, toujours recommencé.
Cette soirée fut une soirée majeure, un grand moment. La Théraulaz est formidable artiste. Merci de nous l’avoir fait savoir.


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Prix culturel Leenaards 2018

sept. 2018  Prix culturel Leenaards 2018

Fondation Leenaards - Lausanne

Yvette Théraulaz reçoit le prix culturel Leenaards

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Yvette Théraulaz, laudatio

Chère Yvette Théraulaz, je ne sais pas si le Prix qui vous est décerné aujourd’hui couronne davantage la comédienne ou la chanteuse, l’artiste ou la femme. Il y a chez vous tant de talents cumulés qu’on ne peut pas les démêler. Comédienne qui chante, comme vous vous qualifiez vous-même, vous êtes à prendre entière, dans la plénitude de votre singularité.

Les membres du jury du prix Leenaards qui vous ont distingué ne disent pas autre chose. Ils évoquent votre présence lumineuse, simple et généreuse, votre conscience politique et sociale, votre défense des droits des femmes, qui font de vous l’une des artistes les plus marquantes du théâtre suisse, et déjà couronnée comme telle, en 2013, par l’Anneau Reinhart.

C’est une trajectoire incroyable, parce qu’aucune formation, aucun héritage ne vous destinait à monter sur une scène. Votre famille gruérienne a dû émigrer à Lausanne pour que votre père puisse vivre de sa profession de laitier. Alors bien sûr, il y a dans cette enfance l’expérience de l’injustice telle que l’ont vécue ces exilés catholiques en terre protestante, ces Fribourgeois accusés de venir manger le pain des Vaudois; et il y a aussi, par eux, la transmission de valeurs décisives, la droiture, l’honnêteté, l’humilité fière dont on retrouvera la trace dans vos spectacles et dans vos chansons, dans votre sensibilité aux mots du quotidien, aux réalités des « gens minuscules », selon votre belle expression.

Tout cela peut féconder des colères ou des envies de combat. Mais comment expliquer votre envol vers le théâtre, sinon par une passion venue d’ailleurs encore, irréductible aux circonstances? C’est elle qui vous conduit au Conservatoire d’art dramatique de Lausanne où vous êtes admise par dérogation à l’âge de 14 ans. Et puis, deux parrains vous encouragent : pour le chant, c’est Michel Corboz, via le Petit Chœur où vous vous êtes inscrite, et pour le théâtre c’est Benno Besson, auprès de qui, à l’âge de 14 ans, vous jouez dans « Sainte Jeanne des Abattoirs ».

Votre carrière sera donc double, de comédienne et de chanteuse. Elle est trop riche et trop connue pour être récapitulée ici. Vous avez été Nora, Emilie Dickinson, Vera Baxter, Penthésilée ou Lioubov ; vous avez été séductrice chez Schnitzler , pétulante chez Molière ; vous avez joué pour les plus grands, de Joël Jouanneau à Claude Stratz, au cinéma pour Yves Yersin et Jacqueline Veuve, et avec les plus grands aussi, comme dans votre récent duo en compagnie de Jacques Michel, dans « Automne » de Julien Mages.
Vous avez participé à deux aventures collectives qui ont contribué à renouveler le théâtre romand, dans ces années où tout était à refaire, au Théâtre populaire avec Charles Joris, puis avec André Steiger, avec qui vous avez fondé le T Act. Chanteuse, vous avez enregistré un nombre considérable d’albums. Et puis, surtout, vous avez créé vos propres spectacles, en forme de collages, où ça chante, où ça dit, ça rugit, ça rit, ça frémit, ça se souvient ; des spectacles qui sont aussi bien des manifestes politiques que des confessions personnelles, où l’histoire intime rejoint l’histoire collective, des spectacles où vous parlez de vous pour mieux parler aux autres.
Alors, quels sont les mots qui peuvent qualifier ce parcours à la fois si divers et si cohérent ?
Le premier qui vient à l’esprit, je crois, c’est le courage. Vous avez mis en acte, à chaque bifurcation, l’exigence de vérité plutôt que le désir de plaire. Vous avez refusé des propositions dorées sur tranche pour garder votre âme. Plus de 100 spectacles sans un compromis. Savoir dire non pour pouvoir dire oui, pleinement. C’est ainsi qu’on construit une œuvre, avez-vous dit un jour. Et c’est juste : vous êtes l’engagement incarné, votre parcours a des contours nets, identifiables, parce que vous vous obstinez à le miser sur des valeurs, - cette force de conviction qui aujourd’hui tend à se dilue dans le narcissisme connecté et dans l’obsession du chiffre. Vous, vous n’avez pas de smartphone. Et de nos jours, c’est un acte de résistance.
Le deuxième mot qui vient à l’esprit, c’est l’indignation. Celle de la petite fille que les sœurs de l’Ecole de Notre-Dame du Valentin, à Lausanne, ne questionnaient jamais en classe sur les prières qu’elle savait pourtant par cœur, parce qu’elle était pauvre, et qui a compris très tôt ce que la relégation sociale veut dire. Aussitôt après viendra l’expérience de la discrimination faite aux femmes, qui orientera si souvent vos spectacles, notamment « Histoire d’elles », pour ne citer que l’un des plus fameux.

Et puis j’en ajoute un troisième. C’est la bienveillance.
Vous avez un jour cité cette phrase de Beethoven : « Il n’y a pas d’autre marque de supériorité que la bonté ».
Eh bien, vous êtes une grande beethovénienne. Vous déclinez le verbe aimer à l’infini, dans votre engagement sans cesse tourné vers le meilleur de l’humanité, vers l’émancipation et la liberté, vers la compassion et la solidarité. C’est sans doute de savoir si bien aimer que vous êtes, Yvette Théraulaz, si bien aimée en retour. Il y a dans l’admiration qui vous est portée une affection très particulière, chaleureuse et fraternelle. Parce que vos rages et vos insolences, vos larmes et vos rires sont de ceux qui réveillent les consciences assoupies, qui rallument les émotions éteintes et consolent les blessures enfouies.
Et qui font rire, aussi. Car tout cela serait terriblement grave sans votre humour et votre autodérision, qui fait qu’en général vous êtes, dans vos spectacles, la première victime de votre lucidité et de vos piques.
Vous avez dit un jour que la phrase que vous détestez le plus c’est « Tais-toi !», parce que vous l’avez trop entendue dans votre enfance. Dieu merci, vous n’avez pas obéi. Vous n’en avez fait qu’à votre tête et qu’à votre cœur.

Alors, à vous qui savez si bien faire vivre Barbara dans le spectacle triomphal que vous lui avez consacré, cette Barbara dont la grâce obscure vous a touchée si fort, à l’âge de 15 ans, qu’elle vous a lancée sur la route de Paris pour suivre ses traces, Barbara dont le mal de vivre a pu être un double de celui qui vous a parfois accablée, et dont l’humour canaille serait un grand frère du vôtre, alors oui, nous avons envie de vous dire aujourd’hui, chère Yvette Théraulaz: Notre plus belle histoire d’amour, c’est vous.

Jean-Jacques Roth


Prix culturel Leenaards 2018


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AUTOMNE De Julien Mages

avril 2018  AUTOMNE De Julien Mages

Par L’Oiseau à Ressort, mise en scène de Jean-Yves Ruf

Un couple d’octogénaires vient au théâtre pour voir la pièce d’Horvath, Légendes de la forêt viennoise.

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Ils se sont trompés d’horaire et se voient obligés de patienter durant une heure. Ce temps de l’attente devient un espace de parole. Ils se rappellent les mises en scène qu’ils ont déjà vues de la pièce, puis leur enfance, parlent de leur couple, de leurs enfants, de la mort qui approche. C’est toute une vie qui défile sous nos yeux avec ses joies, ses regrets et ses aveux. Un texte tendre et cruel, sur l’amour, la mémoire et la transmission. Le paysage partagé de deux vies qui s’entretissent.


AUTOMNE


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