Yvette Théraulaz
Création avec David Deppierraz / mise en scène Jean-Claude Berutti et Daren Ross
Cet été, une voix bien de chez nous va clamer ses quatre vérités à l'Europe entière. Yvette-la-voix, tendre et caustique poétesse du quotidien, ira charmer les festivaliers de Nuremberg sans autre forme de procès.
Après avoir passé sur les planches sa «Nuit d'Orage sur Gaza» (de Joël Jouanneau) à Bruxelles. La grande féline qui sort ses griffes quand elle ne fait pas patte de velours nous reviendra dès l'automne, rassurez-vous, avec son tour de chant à Fribourg, La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel. Insaisissable, Yvette se meut dans le temps comme dans le vent.
Combattante de l'authenticité et qui sait, d'un monde meilleur, elle ne l'envoie jamais dire, notre comédienne aux talents multiples qui dénonce -sans jamais avoir l'air d'y toucher - lâchetés sociales, hypocrisie et faux-fuyants.
Oui, c'est bien chez Yvette que le Verbe s'est fait chair, surtout quand elle a décidé de monter sur ses argots qu'elle manie prestement sans jamais sombrer dans le vulgaire.
Mis en musique par Lee Maddeford et Bernard Amoudruz
A TU ET A TOI
Mise en scène Anne-Cécile Moser
Yvette Théraulaz joue Titania en résidence aux Halles de Sierre puis du 6 au 10 avril à l'Espace Oriental de Vevey, puis en tournée romande cette saison-là.
Mise en scène Jean-Paul Wenzel
On danse sur les cadavres faute de pouvoir les oublier… La guerre de 14 inaugurait un siècle barbare, les attentats du 11 septembre ont inauguré le suivant
Et nous voici, comme les personnages de « L’Amour d’un Brave Type », tantôt titubant sur les décombres, à fouiller la terre, à commémorer les morts, à graver leurs noms sur une dalle, à les nomme un à un, tantôt dansant sur les cadavres, à se griser d’oubli. (…) Le caractère imprévisible, aveugle, des catastrophes à venir, nous renvoie à l’immédiateté de nos désirs, à leur consommation compulsive, au marché des biens et des plaisirs, des sentiments et du sexe. Tout s’achète et tout se vend, Barker ajoute « tout se met en scène », on prend des poses. Souffrez, baisez, aimez, mourez, vous êtes filmés.
Avec Yvette Théraulaz Actrice Philippe Duquesne Acteur Philippe Houriet Acteur
Auteur du texte Howard Barker / Dramaturge, poète, peintre, metteur en scène. Utilise de nombreuses identités fictives dont : "Houth, Eduardo (1946-....)"
Metteur en scène Jean-Paul Wenzel / Auteur dramatique, metteur en scène et acteur. Co-fondateur avec Claudine Fiévet du Théâtre Quotidien (1975) Directeur artistique de Dorénavant compagnie et, avec Olivier Perrier, du CDN - Centre dramatique national, "Les Fédérés" à Montluçon (1976-2002)
Traductrice Sarah Hirshmuller
Costumes Cissou Winling
Éclairages Isabelle Senègre
Scénographe, décorateur François Mercier
Producteur Dorénavant Cie Compagnie théâtrale
Directeur de salle de spectacle Anne-Laure Liégeois / Metteur en scène. Directrice du Théâtre du Festin, Centre dramatique national de Montluçon, Allier en 2003
L'AMOUR D'UN BRAVE TYPE partie 2
L'AMOUR D'UN BRAVE TYPE partie 1
Mis en scène Gino Zampieri
Jenny et Yvette, deux grandes dames. La Chaux-de-Fonds «Jenny-tout-court» au TPR, un spectacle remarquable de sensibilité et de qualité théâtrale. Attente fébrile, mardi dernier, à Beau-Site, où le TPR donnait la première de son nouveau spectacle «Jenny-tout-court», sur un texte de Michel Beretti mis en scène par Gino Zampieri. Bon nombre de spectateurs ont connu la vraie Jenny Humbert-Droz, qui a mené son propre combat de femme éprise de justice et partagé l'engagement communiste et socialiste de son mari Jules Humbert-Droz.
Attendue donc au contour, la Jenny de scène, interprétée magistralement par Yvette Théraulaz, a convaincu et séduit. La fragilité apparente du personnage apporte une dimension émouvante. Mais quand il faut défendre des idées, quelle force! La comédienne investit véritablement le personnage, avec une grande sensibilité, glissant sans heurts de l'esprit prime-sautier à la gravité, éludant les questions du visiteur pour mieux y revenir ensuite, donnant sa profondeur personnelle à la vie et aux événements évoqués. «Qu'est-ce que cela vous fait d'avoir raté votre vie?», interroge abruptement son interlocuteur, le comédien Georges Grbic, dans une très bonne composition. Elle semble ne pas entendre, s'affaire, offre du café, ou plutôt du thé, mais elle n'en a plus. «Ah! j'ai encore du chocolat...» Ouvrant la boîte, c'est le visage, les souvenirs de Lu, son mari, qui surgissent. Alors elle rentre dans sa vie et raconte. Par bribes, passant de mots drôles, de souvenirs cocasses ou attachants - joli, quand elle demande Lu en mariage - à la rébellion face au père, aux difficultés de la vie à Moscou, sublimées par la solidarité, jusqu'à la fissure douloureuse.
Un jeune journaliste interroge sans ménagements une femme qui a traversé le 20e siècle. Elle a passé sa vie au service d'un mari qui s'est voué à une cause perdue, le communisme. Elle répond aux provocations du jeune homme, clame sa foi en un monde plus juste, affirme son pacifisme, retrace son itinéraire de femme. Parfois devant ses yeux, les personnages surgis de son passé se confondent avec les traits du jeune journaliste: son père, le pasteur, son fiancé puis son mari, Lu. Elle hésite, se justifie, découvre qu'elle s'est trompée, et le reconnaît. En revenant sur sa vie, elle progresse encore. Jenny-tout-court évoque pour le théâtre une étonnante figure de femme : Jenny Humbert-Droz (1892-2000) avec toutes les facettes de ce personnage : jeune femme amoureuse d’un pasteur non conformiste, elle conquiert leur union de haute lutte ; militante communiste, traductrice à l’Imprekor, elle est en contact, plus que son mari secrétaire général de l’Internationale communiste, avec la population russe ; mère de famille, elle a toujours su recréer un foyer pour son mari et ses enfants, même dans leur chambre de l’Hôtel Lux, même dans las clandestinité ; féministe, elle s’est battue pour que les « ménagères » de Suisse s’éveillent à la politique et soient reconnues comme citoyennes à part entière ; chrétienne, c’est au nom de la justice et des principes évangéliques qu’elle veut changer le monde. Un siècle défile, l’histoire d’une femme se raconte, pour que nous puissions savoir d’où nous venons, pour que s’éclaire le chemin que nous allons prendre. La nuit s’écoule, et le jeune Félix Platter finit par comprendre ce qu’il était venu chercher là.
JENNY TOUT COURT / téléjournal
Mise en scène Jean-Claude Berutti
De la cerisaie, le théâtre de bois accueille le fantôme poétique. C'est une image projetée, autant dire la réalité d'un songe qui fugacement conduit à ce jardin immaculé qui fonde la pièce de Tchekhov ; une forêt de fleurs blanches, frémissant sous quelque léger souffle, fait son apparition sur la scène de Bussang, que hante la figure de Lioubov Andreevna, l'encore propriétaire de ce beau verger condamné. C'est Yvette Théraulaz qui lui donne chair: la comédienne helvète est une impressionnante faiseuse d'art dramatique, ô combien essentielle à cette «Cerisaie». Elle joue Lioubov, la propriétaire de La Cerisaie de Tchekhov dans la mise en scène de Jean-Claude Berutti au Théâtre du Peuple de Bussang
«La Cerisaie» de Jean-Claude Berutti a les traits d'une comédie, presque farce, mais à tout moment bousculée par la petite société humaine funambulique, au bord de la chute, qui la peuple de sa brûlante désespérance. Sous l'assaut des passions familiales, amicales et amoureuses, mais aussi d'un grand désordre matériel, chaque personnage, assez finement caractérisé par un texte qui est ici celui de la traduction d'André Markowicz et Françoise Morvan - leur même version de l'œuvre de Tchekhov avait été montée il y a dix ans par Stéphane Braunschweig, à Orléans, et voici quelques saisons à la Comédie Française - , fait cortège à la tragédie. On ne voit qu'elle sous les grimaces des rires qui costument la longue attente d'avant les adieux. Et c'est elle, encore, qui s'invite sous le masque des allégresses à la dernière fête donnée au domaine, conviant toute la troupe au désespoir, et qui boit et qui danse, au son de l'accordéon, du violoncelle, du violon. Cette scène, à tous égards, est la plus formidablement aboutie de cette «Cerisaie» dans la conjugaison efficace des effets de mise en scène, de scénographie et de jeu, amateurs et professionnels mêlés. C'est un tourbillon trivial et étourdissant, d'aIlées et venues logées dans le mouvement de paravents coulissants imaginés par Rudy Sabounghi fidèle et complice décorateur du travail de Berutti.
Mise en Scène Jean-Paul Wenzel
Avec cette frénésie des têtes chercheuses, Barker fouille la nature humaine, retourne les systèmes, requestionne l'informulable, L'impensable, … Non pas par sadisme ou masochisme Encore moins pour "faire la leçon" La langue de Barker ne souffre d'aucun didactisme. Elle décrasse la pensée, dévérouille les désirs, remet les compteurs à zéro, va fouiller les "gouffres" pour avoir une chance de "trouver la pépite" Peut-être ! Comme disait le poète !
Barker n’est pas tendre avec ses contemporains. Ni avec les autres d’ailleurs. Et sur ses «Blessures au visage » que Jean-Paul Wenzel créé aux Fédérés, il a jeté du vitriol à grands seaux. Pour faire parler les miroirs et ceux qui s’y contemplent, exciter les vanités et les caractères au fil d’une galerie de portraits tracés au scalpel. Quand il parle de «Blessures au visage», Howard Barker ne se fout pas de la gueule du monde. Qui dissèque par le menu les affres en proie auxquelles sont les pauvres humains confrontés à la bête figuration d'eux-mêmes. En dix-huit tableaux, l'auteur, dérangeant, dit-on, Outre-manche, assène quelques-unes de ces bonnes vieilles vérités toujours bonnes à dire quand elles n'ont pas force de loi. Faut dire qu'il est allé les chercher dans les tréfonds de l'âme en dénouant ce qui se joue de plus intime devant les miroirs. Sur la scène des Fédérés, où Jean-Paul Wenzel a créé la pièce, défile une cohorte de personnages trop beaux ou trop moches, faciès vérolé ou figure emblématique, gueule d'amour et visage oublié, menant la ronde infernale des questionnements. Une ronde justement, un cercle vicelard, matérialisé par un plateau dont le bord extérieur tournant amène les comédiens et leurs tourments qui s'en vont et s'en viennent. Et puis, au centre, le cœur de l'arène où la lumière se braque sur ce drôle de cirque qu'est cette apparence de nous même livré en pâture au regard de l'autre. Là où Barker, dans une langue au scalpel, lance le texte sur des montagnes russes qui rythment, sinon les émotions toujours vite refroidies, les sensations. On ne se tape pas sur les cuisses pendant 1 h 50, mais les situations, quelquefois, basculent promptement de la tragédie à la gaudriole. La mise en scène de Wenzel enfonce le clou et le vaste éventail de jeux donné par la dizaine de comédiens, bien à l'aise dans leurs meurtrissures, itou. Dieu est aveugle
Quoi leurs gueules? Qu'est ce qu'elles ont leurs gueules? «Nous sommes un, en dépit des règles et des goûts» envoie une coquette qui n'assume pas sa bobine, «incarcérée dans ce visage contre lequel elle a de sévères objections ». «Votre mâchoire, votre nez, votre bouche... sont partis. Et un œil, aussi» explique, froidement, au mutilé de guerre le chirurgien plastique pour qui «le visage n'est qu'une structure de fibres et de membranes». Une «beauté douloureuse à qui la contemple, les ruines d'une arrogance qui te donne de la dignité» complimente le jeune et bel amant d'une femme vieillissante. Et la future mariée qui se défile devant l'apocalyptique vision produite par la grenade, qui a ripé sur le piquet, qui a pété à la face d'un si beau promis. Et la prisonnière qui a passé 20 ans au trou pour avoir été haï ou aimé et qui espère trouver «sous la croûte de son endurance, la jeunesse d'un visage oublié». Comme si, seule, la vraie vie pouvait marquer les traits. Et le visage invisible d'un pseudo masque de fer dont la voix sensuelle suffit, d'un plaisir annoncé, à faire feuler les dames. En vain, puisque le dissimulé affirme qu'il ne peut faire l'amour sans visage... car on ne peut pas l'imaginer alors qu'il est " déjà. Encore, son excellence à la gueule vérolée "
Avec Felipe Castro, Marysa Commandeur, Anthony Debaeck, David Godet, Gaël Guillet, Alain Mergnat, Corinne Méric, Yvette Théraulaz, Sandrine Tindillière
Scénographie François Mercier / Conception Jean-Jacques Mielczarek / Création lumières Jean-Paul Wenzel et Pascal Ritchie Pérot / Création son Philippe Tivillier / Création costumes Marie-Cécile Winling / Régie générale Jean-Jacques Mielczarek / Régie plateau Jean-Jacques Mielczarek et Frédéric Kunze / Assistantes costumières Élisabeth Dordevic et Christine Thepenier / Plateau Stéphanie Dextre, Véronique Durantin et Séverine Yvernault / Affiches Séverine Yvernault / Décors Jean-Jacques Mielczarek / Construction Jean Jacques Mielczareck, Frédéric Kunze, Nicolas Nore, Richard Tello et Bruce Tisset / Régie Stéphanie Dextre et Pascal Ritchie Pérot / Equipe techniqueDominique Néollier, Thierry Pilleul et Laurent Lureault
copyright Yvette Théraulaz - conception et réalisation Fabrique d'images